Multititrée des championnats de France et d’Europe de duathlon, Sandra vient de remporter en 2019 un 2e titre de championne du monde dans la discipline. Vu de notre statut de simple sportif amateur, le personnage nous semble venir d’une autre planète. Mais… Sandra est humaine comme vous et moi. Seuls “quelques détails” nous séparent. Je vous laisse les découvrir dans cette interview.
Bonjour Sandra, par quelle porte es-tu entrée dans le monde du sport et de la compétition ?
Le football..!! C’est l’activité dans laquelle j’ai pris ma 1ère licence sportive à 8 ans, dans le club de la commune où j’ai grandi : l’US Kergloff, commune toute proche de Carhaix. J’y ai joué jusque l’âge de 11 ans, et ensuite quand je suis rentrée au collège, j’ai découvert de multiples activités sportives dans le cadre de l’EPS et l’UNSS. Parmi ces activités, il y en avait une qui me plaisait plus que tout : la course à pied avec le cross-country et l’athlétisme. A 11 ans, en 1990, je “troque” donc ma licence de foot pour une licence d’athlétisme au club local de l’ALCP à Carhaix. C’est le début d’une longue et belle aventure puisque j’y suis toujours.
A ce niveau on imagine que l’entraînement doit parfois devenir contraignant. Est-ce vraiment dur ? Comment restes-tu motivée ?
L’entraînement est bien évidemment quotidien et même bi-quotidien ; cela représente 22/23h par semaine. Il est tout sauf contraignant ; je suis quelqu’un qui aime bien s’entraîner ou plus exactement je sais pourquoi je m’entraîne. Par ailleurs, j’ai la chance d’être bien entourée (ma coach, Stéphanie Déanaz) et ma “garde rapprochée” avec qui je partage des sessions d’entraînement sur le secteur rennais (Estelle, Anne-Sophie, Nathalie, Stéphane, les Chouchous entre autres) ; j’apprécie également les moments où je pars en stage car ils sont une remise en cause permanente avec une confrontation et une émulation avec d’autres athlètes.
Quand on a conquis tous les titres dans la discipline, qu’est-ce qui peut bien te pousser à continuer ?
J’ai gagné les France, Europe, Monde mais jamais les 3 dans la même année : c’est l’objectif de cette année 2019.
Dans un enjeu national ou international, la pression est énorme. Comment gères-tu ce stress ?
J’utilise et formalise très rarement ces notions de “pression” ou de “stress” ; de toutes façon, elles sont incontournables dans le sport de haut-niveau (mais aussi dans beaucoup de domaines finalement). Tant qu’elles ne sont pas négatives, je dirai que ces notions sont un “moteur” de ma motivation. Elles créent de “l’inconfort” qui permet de progresser : quand je suis en stage avec les meilleurs triathlètes françaises comme Léonie Périault, Cassandre Beaugrand, Sandra Dodet, et bien en effet, c’est “stressant” mais c’est aussi ce qui fait progresser. Quand je suis à la veille d’un départ de championnat du Monde, c’est aussi “stressant”, mais la course du lendemain, c’est la course pour laquelle je m’entraîne depuis des mois. Donc en définitive, ce sont certes des moments stressants mais tellement uniques qui font de moi une privilégiée.
On imagine aussi que la nutrition n’est pas négligée. Comment gères-tu ?
La nutrition est importante la veille mais pas que…j’en fais plutôt un mode de vie. Donc je suis vigilante à manger de tout, certes sans excès, mais sans privation non plus. Pour l’approche de la course, ce que je prends surtout en compte, c’est la durée de la course : si la course dure 20 à 30 minutes (un cross l’hiver par exemple), c’est beaucoup plus “facile” à gérer qu’une course de 2h où là, il faut réfléchir et anticiper les moments de ravitaillements pendant la course ; un exemple concret : sur un format en duathlon 10km CAP / 40km vélo / 5km CAP, souvent je connaissais une 2ème CAP difficile. Avec ma Coach, on a beaucoup réfléchi aux raisons de ces difficultés, et cette année j’ai apporté quelques ajustements nutritionnels pour aborder cette partie de la course avec plus d’énergie dans le réservoir (augmenter mes apports lorsque je suis sur le vélo pendant la course).
A l’entraînement, quelle est ta “séance de torture” préférée ?
Une bonne séance VMA* en course à pied ou en vélo, une séance à SV2 (allure course) ou PMA* : le kiff !!
Quel est l’instant qui te fais le plus vibrer en compétition ?
En course, ce meilleur moment c’est lorsque tu as mal aux jambes, mais que tu as les jambes et la tête pour “y aller” : tu te dis que tout ce que tu as mis en place en amont depuis des semaines ou des mois est validé.
Ton meilleur souvenir sportif ?
Impossible de choisir, et surtout, je ne veux pas choisir. Je n’ai pas encore le recul nécessaire, mais je pense que ce 2ème titre de championne du Monde 2019 occupera une belle place car après mon abandon au championnat du Monde 2017 au Canada, il a fallu patiemment “me reconstruire”. Autre raison pour laquelle ce titre a, à ce jour, une place à part : j’ai su dans une même course produire une performance complète aussi bien en course à pied que sur le vélo.
*VMA : Vitesse Maximale Aérobie
*PMA : Puissance Maximale Aérobie
*SV2 : Seuil Ventilatoire 2
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